L’Hospitalier, un pèlerin…

En cette fin d’année 2020 où tous nos pèlerinages traditionnels ont été annulés, nous nous sommes réunis par visioconférence avec les différents responsables de l’Hospitalité pour réfléchir à l’organisation de l’année prochaine. Les incertitudes dues à la pandémie, les contraintes qui, petit à petit, nous sont imposées nous font dire que l’année 2021 sera très difficile. En effet, à l’heure où j’écris ces quelques mots, rien ne nous garantit que nous serons sortis de la crise. De plus, je pense en effet que nous serons impactés pendant de nombreuses années. Quand nous avons été à Lourdes pour le congrès des présidents d’Hospitalité francophones fin octobre, on nous a parlé d’un retour complet à la normale (les chiffres de participation de 2019) espéré vers 2025 au plus tôt.

Beaucoup de questions se posent : Pourrons-nous partir en 2021 avec des personnes malades ? Dans quelles conditions ? Ces conditions seront-elles acceptables pour les personnes que nous accompagnons, ainsi que pour les hospitaliers et pour les hospitalières ? Hier, j’ai reçu une première mouture du protocole sanitaire que l’Accueil Marie Saint-Frai souhaite appliquer l’année prochaine. Les contraintes sont multiples et lourdes : Nombre très limité de personnes par chambre, protocole de désinfection systématique des chambres et des zones communes, limitation du nombre d’hospitaliers sur le plateau, création de bulles sanitaires (si cela est médicalement requis) autour de nos pèlerins malades avec logement et repas des hospitaliers au niveau du plateau à l’accueil Marie Saint frai, etc.

Néanmoins, malgré toutes ces difficultés, soyez assurés que notre volonté commune avec le service des pèlerinages est de retourner en pèlerinage à Lourdes (et à Banneux) avec des personnes malades. En effet, le binôme hospitalier-malade forme une des bases du message de Lourdes. Sans ce binôme et l’esprit de service qui en est associé, Lourdes n’existerait plus, comme l’expliquait Mgr Ribadeau Dumas au mois de juillet dernier dans un communiqué. Mais, nous ne le ferons que lorsque les conditions de sécurité minimales seront atteintes pour nos frères et sœurs malades et que les contraintes sanitaires soient acceptables pour un groupe d’Hospitaliers bénévoles.

En attendant pendant ces temps de crise, que faisons-nous ? Il me semble important de revenir à l’essentiel et de nous recentrer sur ce qu’il est possible et réalisable.

Qu’est-ce qu’un hospitalier ou une hospitalière ?

C’est un(e) pèlerin(e) qui accompagne un(e) pèlerin(e) malade ou handicapé(e) dans sa démarche de pèlerinage à l’instar du bon samaritain. Il(elle) est le regard maternel que pose l’Église sur nos frères et sœurs malades, le regard du Christ compatissant.

Ainsi être hospitalier, c’est avant tout être pèlerin. Un pèlerin qui, dans nos pèlerinages habituels, n’a pas toujours le temps (ou ne prend pas toujours le temps) d’effectuer une démarche de pèlerinage, étant toujours attentif aux personnes qu’il accompagne et au service de celles-ci. Quelle est notre part de « Marthe » et de « Marie » dans notre démarche ? Pendant cette année 2020, certaines Hospitalités ont envoyé des délégations à Lourdes. Les hospitaliers participants ont redécouvert la démarche de pèlerinage ainsi que le message de Lourdes. Ils ont pu visiter les sanctuaires, faire un certain nombre de démarches qu’ils ne peuvent pas faire en temps normal : se mettre sur les pas de Bernadette, par exemple. Tout un pan de nos pèlerinages que, faute de temps, nous n’avons pas (ou trop peu) l’occasion de faire. Cette pause forcée pourra être l’occasion de prendre un nouveau départ en réfléchissant à notre mission et notre engagement.

Comme je l’ai dit, notre priorité reste bien sûre l’accompagnement des malades. Cependant, je pense que, si nous ne pouvons pas amener dans des conditions de sécurité suffisante de frères et sœurs malades à Lourdes, il est indispensable que nous, Hospitaliers(es), nous puissions faire ce pèlerinage. Répondre à l’appel de Marie, partager, faire des rencontres, réfléchir à notre mission, redécouvrir le message de Lourdes et ses signes, faire le geste de l’eau, porter la prière de nos frères et sœurs qui sont restés en Belgique. De plus, il est essentiel pour la survie de notre association que nous puissions au minimum faire cela (en espérant en faire beaucoup plus).

En d’autres termes, il est fondamental d’être prêt et de garder notre lampe de service allumée.

André Notté, président de l’Hospitalité diocésaine de Tournai

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